Friday, May 19, 2006

Les « notae theologicae »


Share/Bookmark Voici les « notae theologicae », c’est-à-dire, les différents niveaux de doctrines catholiques. (Cf. Societatis Iesu in Hispania Professores, Sacrae Theologiae Summa, Madrid: Biblioteca de Autores Cristianos, 1952; pp. 7-8.)

1. D’abord, le plus haut niveau ce sont les doctrines « de fide divina et catholica » (“de foi divine et catholique”), c’est-à-dire, les doctrines définies solennellement par le Magistère comme appartenant au « fidei depositum » (“dépôt de la foi”) : par exemple, la divinité du Christ. Si une doctrine s’oppose à l’une des doctrines « de fide », alors elle est appelée à juste titre une « haeresis » (“hérésie”) : par exemple, l’Arianisme.

2. Ensuite, le niveau suivant, ce sont les doctrines « proximae fidei » (“proches de la foi”), c’est-à-dire, les doctrines qui n’ont pas encore été définies par le Magistère, mais que, selon le « consensus theologorum » (“consensus des théologiens”) appartiennent au « fidei depositum » (“dépôt de la foi”) : par exemple, la doctrine du « votum baptismi » (“le baptême de désir”). Si certaines doctrines s’opposent à l’une des doctrines « proximae fidei », alors elle est appelée à juste titre une doctrine « proxima haeresi » (“proche de l’hérésie”) : par exemple, la doctrine du Père Feeny.

3. Ensuite, il y a des doctrines qui sont « de fide ecclesiastica » (“de foi ecclésiastique”): ce sont les doctrines qui ne sont pas formellement révélées (et, donc, qui ne sont pas expressément contenues dans le « fidei depositum »), mais qui ont une connexion intime avec le « fidei depositum » : par exemple, la doctrine sur l’âme comme forme immédiate et substantielle du corps. Si une doctrine s’oppose à l’une des doctrines « de fide ecclesiastica », alors elle est appelée à juste titre une « error in fide ecclesiastica » (“erreur dans la foi ecclésiastique”) : par exemple, la doctrine des Averroïstes.

4. Ensuite, le niveau suivant, ce sont les « doctrinae catholicae » (“doctrines catholiques”), c’est-à-dire, celles qui sont enseignées par toute l’Église mais qui ne sont pas définies infailliblement par le Magistère: par exemple, ce qui se trouve dans plusieurs encycliques, etc. Si une doctrine s’oppose à l’une des « doctrinae catholicae », alors elle est appelée à juste titre une « error in doctrina catholica » (“erreur dans la doctrine catholique”) : par exemple, nier que la Vierge soit la médiatrice de toutes les grâces.

5. Ensuite, il y a les doctrines « theologice certae » (“théologiquement certaines”), qui sont enseignées dans les écoles catholiques comme reliées à la révélation (mais non comme contenues expressément dans la révélation): par exemple, la théorie de la privation du mal. Si une doctrine s’oppose à l’une des doctrines « theologice certae », alors elle est appelée à juste titre une « error in theologia » (“erreur en théologie”) : par exemple, nier que le mal est une privation de l’être, et dire qu’il est une réalité positive.

6. Ensuite, il y a des « doctrinae ita tenendae, ut contrariae sint temerariae » (“doctrines qu’il faut tenir, de telle sorte que les doctrines opposées soient téméraires”), c’est à dire, les vérités proposées par les Congrégations Romaines qui ne jouissent pas de l’approbation du Pontife Romain.

7. Ensuite, à l’avant-dernier niveau, il y a des doctrines « communes et certae in theologia » (“communes et certaines en théologie”), qui sont considérées comme bien fondées par le consensus des écoles théologiques (i.e., les théologiens scholastiques sanctionés par le Magistère avant Jean XXIII, qui a utilisé “le remède de la miséricorde” et non plus la condamnation des erreurs) . Les thèses opposées à celles-ci sont appelées « falsae in theologia » (“fausses en théologie”) ou bien « temerariae » (“téméraires”).

8. Enfin, il y a des doctrines « probabiles » (“probables”), « tutae » (“sauves”), ou bien « toleratae » (“tolérées”), dont la vérité est ouverte à la discussion.

On doit remarquer que le fait de nier une doctrine qui se trouve au premier niveau peut seul constituer une hérésie. Nier des doctrines qui sont entre le deuxième et le septième niveaux, c’est une offense grave contre la vertu de la foi et le premier commandment (et c’est aussi une erreur doctrinale grave), mais ce n’est pas une hérésie.

Pour une explication plus détaillé, voir aussi: "Valeur et censures des propositions en théologie" par l'abbé Bernard Lucien.

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